Nombre total de pages vues

vendredi 4 février 2011

Sur la route d'Atakpamé

Lomé, Kpalimé, Atakpamé, Sotouboua, Kara, 450 km de route goudronnée la plupart du temps défoncée. On traverse ainsi le Togo, dans sa moitié méridionale, à une moyenne inférieure à 50 km/h, une montée vers le nord très rafraichissante et dépaysante, pleine de diversité et de surprises. Un pays au charme confondant pour ses paysages, ses gens partout accueillant, et maniant la langue française avec aisance, davantage que que dans le sud-Bénin, d'où je suis parti.

Première pause, quelques minutes après la sortie de l'agglomération de Lomé, chez un distillateur de sodabi.

Un équipement rudimentaire pour un savoir-faire éculé : le vin de palme obtenu après fermentation de la sève de palmier est chauffé dans un gros bidon (un bidon d'huile mangé par la rouille). La vapeur d'alcool véhiculée dans un tuyau est refroidie dans de l'eau froide (ici, trois bidons alignés). A la sortie, un goutte-à-goutte de liquide très alcoolisé. Le sodabi réalisé par cette famille rencontrée sur la route de Kpalimé est très nature, et sans autre adjonction, parfois suspecte, du genre "boulons rouillés" entassés dans le fond du bidon où fermente le vin de palme. 20 litres de sodabi sont confectionnés avec 80 litres de vin de palme.

 Il est tôt et je trempe le bout des lèvres dans le liquide, qui tire à peine 40 degrés. Un alcool bricolé à partir de la sève de palmiers mieux maitrisé, me semble-t-il, que sur les rives du Mono, où le breuvage voisine des sommets à 60-70°. On l'ingère en général cul sec, pour éviter qu'il indispose la gorge, avant les intestins.

Distillateur de père en fils.


















Kpalimé, à 120 km de Lomé. A la fois riche de ses champs de café et de cacao, et de ses paysages forestiers extrêmement verts. Forêts d'iroko, d'ébène et de manguier sauvage. Un repos absolu pour les yeux, une douceur de température stable, entre 23 et 26° toute l'année. Une douceur que l'Allemagne avait mise à profit, avant la première guerre mondiale, pour construire un centre de convalescence pour ses colons malades, sur le sommet du mont Kloto qui domine Kpalimé.

Le bas de Kpalimé, où des travaux d'assainissement des eaux pluviales sont en cours.

En montant sur le mont Kloto.




20 km au nord de Kpalimé : Lavié. Curiosité : toute la population active semble s'être convertie au métier de pépinièriste. Vingt-cinq familles ont suivi le même chemin pour la seule agglomération de Lavié Kpota, l'une des trois composantes de la commune. Au départ, il y a 7-8 ans, un programme spécifique de reboisement mobilisant des financements qui bénéficient à quelques foyers. Une aventure concluante dans laquelle se lancent Dieudonné Koffi Deh et Pierre Tsogbé et leurs épouses, qui voient leurs revenus sensiblement s'améliorer.

Dieudonné Koffi Deh et sa soeur vendent 350 francs (0,60 euro) le plant de manguier greffé, 150 francs (0,25 euro) le plant de citronnier, de goyavier, de mandarinier ou encore d'avocatier.

La poule aux oeufs d'or ne passe pas inaperçue et fait école. Tout le monde se met alors à faire à Lavié des pépinières de bois de cure-dent, de palmiers sélectionnés (essences "toro" originaire du Ghana et Sonaf, originaire du Bénin), de manguiers greffés, de goyavier, citronnier, mandarinier, oranger, avocatier ou encore de cocotier...
La mine a donc tendance aujourd'hui à se tarir et à nourrir les querelles entre exploitants pépinièristes et les autres populations. Pendant la période de sécheresse, "les gens se plaignent de ne plus avoir assez d'eau pour boire", explique Mme Akpeto. Les plants naissants sont gourmands en eau, et si le nombre de pépinièristes a explosé à Lavié, le nombre de pompes est resté le même. Seul, le creusement de nouveaux puits est à même de  pérenniser l'activité et garantir les besoins domestiques en eau.


Adeta. Pause bière et pause charme dans un petit maquis à l'entrée de cette bourgade de plusieurs milliers d'habitants, pleine de la sérénité que confère à l'endroit un majestueux baobab.


Félicité, coiffeuse, 20 ans.

Edem, accoucheuse, 22 ans.









Magestueux, ce baobab, sur son territoire de verdure vassalisée.



















On poursuit notre route vers le nord. Govie-Hoeme. Où des cimetières se confondent avec la forêt. La nature reprend ses droits sur la vie. On n'a jamais aussi bien appliqué la formule catholique du Mercredi des Cendres qui marque le début du Carême : "Tu es né poussière et tu redeviendras poussière".



Du marbre presque toujours, mais parfois aussi de simples pierres tombales complètement recouvertes par les feuilles, elles-mêmes en plein cycle de décomposition et de retour vers l'état de poussière.





Hlonvié, dans l'arrondissement de Kpele-Akete. Ameganvi Féla et son ami Komla Gozan ont quitté le Ghana et la région de la moyenne Volta (la frontière est à quelques kilomètres) d'où ils sont originaires pour ouvrir un atelier de tissage, il y a à peine un mois. Le coton vient du Ghana. A notre arrivée, Komla s'emploie à la confection d'un pagne d'homme. Un travail de trois jours.


Ameganvi et Komla viennent de s'installer au Togo. Entre pays africains, l'immigration n'a jamais posé problème. Elle est même la règle normale depuis toujours. On s'installe là où l'on peut vivre et travailler.


 Des paysages verts à relief tout au long du voyage, dans cette région des Plateaux, dont Atakpamé, elle-même installée de façon anarchique sur des collines, est la préfecture. Ici, dans l'arrondissement de Kpele-Ele.






Et d'autres cimetières enterrés sous les arbres, dont les racines font corps avec l'âme des ancêtres. Comme ci-dessous à Agavé. Vraiment très beau.



Et puis des rizières à Sodo.Premiers champs de riz, qui est aujourd'hui, après la maïs, la deuxième culture du Togo. Les habitudes alimentaires évoluent, les cultures aussi.



Patatoukou. Dans un trou d'eau d'une rivière en partie asséchée, des enfants sont chargés de la corvée d'eau. Comme chaque jour. Dans cette région des Plateaux du Togo, l'eau n'est pas un élément rare. La terre est fertile et propice aux plantes potagères : choux et salades notamment.




Fin de l'après-midi. Les femmes terminent leurs travaux domestiques à la rivière Amou. Avant de préparer le repas du soir.





Nous arrivons enfin à Atakpamé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire