Huit des douze départements du Bénin cultivent le coton, parmi lesquels l'Alibori, l'Atakora et la Donga sont les plus gros producteurs. |
Depuis dix ans, les producteurs se sont progressivement détournés de la culture du coton pour se lancer dans le vivrier, maïs ou riz. Insuffisamment rémunérateur ? Incapacité chronique des paysans à se conformer à des règles de gestion ? Le gouvernement se lance dès 2000 dans des réformes structurelles profondes et privatise la filière. Une politique de désengagement qui n'a rien arrangé et accentué au contraire le déclin.
Expédition vers la Sodeco, qui maîtrise 90 % de l'égrenage de la filière, au Bénin. |
Première étape, début des années 2000, avec la rétrocession de l'ensemble des importations et de la distribution des intrants agricoles (semences, pesticides, etc.) au secteur privé, ainsi qu'environ la moitié de la capacité d'égrenage. Conséquences ? Les prix des engrais sont multipliés par deux entre 1990 et début 2000, passant de 100 francs CFA le kilo à 200 francs CFA, et la quantité d'engrais par opérateur destinée au coton est divisée par trois.
Le coton-graines est aspiré et dirigé vers une égreneuse où graine et fibre sont séparées. |
66 tonnes de coton par jour sont traitées et conditionnées à l'usine d'égrenage de Savalou. |
La Sonapra est privatisée en 2008 et devient la Sodeco, dans laquelle l'Etat conserve 41 % du capital. Une dizaine d'unités d'égrenage dont celle de Savalou fonctionnent sur tout le territoire |
La subvention aux intrants versée par l'Etat aux coton-culteurs s'avère, en effet, être un marché de dupe, le montant de la subvention se trouvant défalqué du prix de vente du coton-graine à la Sodeco. Pour la campagne 2009-2010, l'aide s'élève à 62 francs CFA le kilo, et permet à l'égreneur d'acheter le kilo de coton-graine à 190 francs au lieu de 252 francs, un dernier prix que n'aurait pu payer sans péril la Sodeco (selon elle), compte tenu des cours internationaux de la fibre.
130 salariés sont employés à l'usine de Savalou. |
Un coton immaculé sort de la presse de l'usine de Savalou. |
Il s'avère pourtant bien que cette subvention aux intrants constitue un soutien public à une société en situation de monopole vendue 11,725 milliards par l'Etat, il y a à peine deux ans. Et cela sans contrepartie ni obligation pour la Sodeco, notamment vis à vis des producteurs, ne serait-ce que dans une fonction d'encadrement. Dans son propre intérêt industriel, l'égreneur ne devait-il pas contribuer à mieux structurer la filière et à accompagner le producteur vers plus de maîtrise culturale et gestionnaire pour un meilleur rendement ? Sa propre bonne santé n'en dépend-elle pas ?
54 % du coton-graines est constitué de fibres destinées à la filature. |
Les déchets représentent 3% du volume après égrenage. |
Avant expédition, les balles conditionnées sont numérotées. |
(1) Séparation de la fibre destinée aux filatures, de la graine destinée aux huileries.
(2) UEMOA : Union économique et monétaire ouest-africaine
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