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lundi 27 février 2012

Pénurie de carburant au Bénin et au Togo

Dépendant quasiment à 100 % de son voisin nigérian pour sa consommation de carburant, le Bénin a rencontré, pendant le mois de janvier, les pires difficultés pour s'approvisionner. Conséquence directe de la crise qui paralyse la filière de distribution nigériane, depuis que Lagos a décidé de ne plus subventionner le carburant... et indirectement de cesser d'entretenir l'économie pétrolière informelle.

Attente, patience... Une station-essence assiégée

Au Bénin, la vente de carburant fait vivre des centaines de milliers de personnes. Les petits revendeurs n'ont pas droit de cité, mais ont pignon sur rue. L'activité est "officiellement" interdite, mais se déploie au vu de tout le monde. Et sauf les grands pétroliers et autres banques, tout le monde y trouve son compte : les trafiquants bien-sûr, au premier rang desquels on cite les douaniers, gendarmes et politiques ; les détaillants qui trouvent là matière à arrondir leurs revenus ; les usagers et notamment les zemidijans (moto-taxis), devenus par leur nombre, une puissance socio-politique qui compte. L'ex-président Kérékou avait failli embrasé le pays il y a une dizaine d'années, en s'attaquant de front à l'éradication de ce trafic. Il avait reculé. Et dans les semaines qui suivirent, les stations de fortune réapparurent plus nombreuses qu'avant la crise.

A Cotonou et son agglomération, en temps d'approvisionnement normal, des stations-carburant illégales se succèdent tous les cent ou deux cents mètres.
















 Les revendeurs ont fait des petits depuis cette époque, jusqu'à contrôler le marché. 90 % de la distribution peut-être ? Boycottées, les stations essence, toute rutilantes dans leur peinture immaculée, continuent à faire le désespoir des groupes pétroliers. Elles s'étaient multipliées au lendemain de la tentative de normalisation de Kérékou... En pure perte.






Et à l'image des usagers qui ont préféré patienter dans des queues interminables, une journée voire une nuit entière, plutôt que casquer une fois et demie le prix ordinaire, les revendeurs se sont tournésr vers les stations-essence pour s'approvisionner, jusqu'à tarir les stocks. A Abomey, alors que les stations étaient complètement syphonnées, les petits trafiquants ressortaient leurs réserves, pour revendre à des prix prohibitifs (jusqu'à 1000 CF, 1,52 euro) du carburant acheté au prix officiel la veille peut-être (500 CFA le gazole, 570 CFA  le super). Considérant que la limite spéculative était largement dépassée, le gouvernement a fixé un prix à ne pas dépasser... Peine perdue. Quelques ruades  gendarmesques bien senties sur des récipients plein de carburant renversé à terre a pu faire revenir à la raison les récalcitrants.





A Dassa, noeud de communication économique important au Bénin, les stations ont été prises d'assaut.



Sous la pression politique et les risques d'émeutes, le gouvernement nigérian a senti qu'il était urgent de faire marche arrière. Et a renvoyé aux calendes grecques son projet d'assainissement de la distribution. Deux semaines après ce dénouement politique, les petits revendeurs ont reconstitué leur stock et le marché béninois a recouvré sa stabilité : la preuve, qu'au Bénin, la filière informelle reste la clé de voûte de tout le système économique.

Pénurie identique à Kpalamé, au Togo, où une cohue indescriptible se pressait dans les deux ou trois stations encore approvisionnées. Pour des heures d'attente...

Au Togo, où multinationales et concessionnaires nationaux privés se partagent le marché, la crise n'a pas été moins ressentie et s'est prolongée davantage encore. Alors que les bidons plastique de 5 litres et autres jéroboams réapparaissaient sur le bord des grands axes bitumés et des pistes du réseau routier secondaire du Bénin, les usagers motorisés togolais continuaient à mettre leur patience à l'épreuve.


 





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