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dimanche 30 janvier 2011

Des carottes et de la laitue au pays de la pâte

Le paysage côtier entre Lomé et Grand-Popo s'est complètement transformé en quinze ans. L'espace livré aux cocoteraies sauvages s'est réduit comme peau de chagrin pour laisser place aux légumes que l'on a plutôt l'habitude de voir prospérer dans les pays tempérés : carottes, laitues, choux, oignons, tomates et même persil. Autre phénomène nouveau : le piment se fait une place au soleil.
Les carottes et choux poussent donc à même le sable. Toute la côte est ainsi longée de puits, et à 18 heures, quand pointe le crépuscule, se déploie le grand serpentin des hommes, femmes et enfants blottis dans leur tuyau d'arrosage. Des volumes d'eau énormes pompés dans le sous-sol sont déversés.

Une parcelle de carottes où les plants ont levé avec plus ou moins de bonheur.
 Si le développement du maraîchage est la résultante d'une évolution positive des habitudes alimentaires vers davantage de diversité et d'équilibre, on peut douter de son caractère éco-durable. Car si la carotte s'accomode d'une terre sableuse, l'imperméabilité n'est pas la qualité première du sable. Rien n'est jamais aussi simple qu'on le pense.
Grand-Popo est aujourd'hui la deuxième ville du maraîchage du Bénin, après Malanville, dans l'extrême-nord, à la frontière du Niger.

Ce couple a  planté du piment. Les séances d'arrosage sont bi-quotidiennes. Nous sommes ici sur du sable, à 300 mètres de la mer.
 Ancien mécanicien, Assouvie s'est reconverti il y a quelques années dans le maraîchage, profitant d'un programme d'accompagnement spécifique à l'installation financé par l'Etat, et moyennant un apport personnel initial de 1 MF CFA, avancé par ses soeurs et frères, pour se doter de l'équipement (tuyaux, électricité, pompe...) nécessaire. Malgré des frais fixes en eau élevés autour de 20.000 francs par mois, le pari s'est avéré payant, puisqu'Assouvie est aujourd'hui propriétaire de plusieurs parcelles à Grand-Popo, dans une commune où le m² est parmi les plus chers du Bénin (une parcelle de 625 m² vaut environ 4 millions).

Assouvi a planté plus de 3000m² de carottes en novembre qu'il espère récolter en novembre.



Un rendement aléatoire mais une récolte bien réelle.
  De petites fortunes foncières et commerciales seraient ainsi en train de se constituer autour de ce marché réduit de la carotte, du choux, et du haricot vert. Assouvie vend ainsi l'ensemble de sa récolte à la même commerçante, parmi celles que l'on a l'habitude d'appeler au Bénin "les bonnes dames". Cette année, il s'agit tout de même de 3000 m².

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