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jeudi 27 janvier 2011

Se transporter en toute insécurité

Les routes béninoises font peur. Saturées dans l'agglomération de Cotonou et absolument sans pitié pour ses victimes. Le phénomène de l'insécurité routière va croissant. Ici au Bénin, mais aussi dans l'ensemble de la sous-région, des accidents mortels sont à déplorer tous les jours. Lundi 24 encore, au Ghana, entre Accra et Lomé, un taxi-brousse s'est encastré dans un camion-citerne à l'arrêt. Une dizaine de passagers ont brûlé vif. Et parier ici, sur d'éventuels sauvetages par des services de secours professionnels et entraînés est illusoire. L'accident le plus bénin peut prendre des allures de catastrophe... une fracture, celle d'une amputation.



En quinze ans, le trafic s'est multiplié par deux, dix, cent... et rien ne devrait pouvoir freiner cette spirale maléfique. Les gouvernants de ce pays n'ont pas encore pris la mesure du péril. Ni d'ailleurs les usagers, chauffeurs, zemidjans et forces policières et de gendarmerie chargées de la sécurité routière, et qui s'accomodent au fond fort bien de la situation, entre plages de prélassement sur le bord de la voie et plages de racket. Un dernier marché florissant : 90 % des véhicules ne sont pas en règle.


Ici, à 12 km de Grand-Popo, un camion a pris feu.


Phénomène particulier au Bénin et au Togo, mais beaucoup plus aigu à Cotonou, le trafic routier est sous l'emprise totale des zemidjans, ces taxi-motos apparus il y a près de vingt ans, et qui se sont multipliés comme des rongeurs. Circuler au volant d'un quatre-roues est devenu périlleux et éprouvant, et le code de la route, d'aucune utilité.

A Cotonou et sa banlieue, les deux-roues et les  zems sont rois.
 Comme si cette difficulté particulière, ajoutée à la saturation des infrastructures, ne suffisait pas, l'attitude normale est de fermer les yeux. Fermer les yeux sur les véhicules surchargés en passagers ou en fret, les autos hors d'état de circuler, la vitesse excessive des chauffeurs bien chargés en alcool ou en tout autre substance qu'il n'est pas recommandé de prendre en quantité excessive quand on veut s'exercer à la vitesse au volant d'une 504 au parallélisme divergent, aux portes sans poignées intérieures, avec deux mètres cubes de bagages sur la galerie et des pneus lisses.


Un titan n'en peut plus et s'immobilise au milieu de la voie, dans une légère côte. On dépasse par la droite, par la gauche, comme l'on peut.

Des véhicules surchargés et pas du tout en état de rouler;
 Les routes bénino-togolaises sont encombrées de tous ces comportements désordonnés peu compatibles avec la sécurité routière, et qui doivent, pour achever le décor, faire bon ménage avec les "titans" de la route africaine se trainant vers le Niger, le Burkina-Faso ou le Mali, croûlant sous les kilomètres, tels des escargots écrasés sous une trop lourde coquille ; avec une route dégradée parsemée d'ornières invitant le conducteur à slalomer ou à casser ; et la nuit, avec des usagers non éclairés ou au contraire éclairés de phares surpuissants et aveuglants. Aucune norme d'éclairage n'est, en effet, encore en vigueur ici pour les deux-roues. Une aubaine pour les marques de motos-cyclos chinois, qui équipent majoritairement les zems, et qui perçoivent la norme comme autant d'obstacles au libre-commerce sans contrôle. Beaucoup plus rapides que les japonaises, elles ont, en outre, fait faire la culbute dans l'échelle des risques aux utilisateurs du deux-roues, qui circulent bien-sûr sans casque.
Un titan en travers de la route, à hauteur du lac Ahémé.


Un taxi-brousse fait plusieurs tonneaux, près d'agoué. Heureusement, il n'y aura pas de mort, cette fois-ci.
Résultat : des accidents en chaîne de plus en plus
graves.


Un éclair dans cette peinture réaliste catastrophiste : la construction du premier tronçon d'autoroute avec l'échangeur d'Abomey-Calavi. Des travaux d'infrastructures qui pourraient décongestionner le trafic de Cotonou, s'ils étaient livrés maintenant tout de suite. A l'allure où va le chantier confié à des ingénieurs chinois, et où se densifie toujours davantage le trafic, il y a à craindre que ces infrastructures ne répondront déjà plus aux besoins dans dix ans.


L'échangeur d'Abomey-Calavi, à Godomey. Un joyeux bordel qui dure depuis deux ans pour tous les usagers qui entrent ou sortent de Cotonou, par l'Ouest, à Godomey.

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